15 janvier 2024

In girum imus nocte ecce et consumimur igni

Par Philippe

Nous tournoyons dans la nuit, et nous voilà consumés par le feu.

Lecteur ! – s’il m’en reste –, si tu es plus attentif à me lire que je le suis à écrire, tu auras certainement remarqué avant moi que je me répète, que je tourne en rond. J’ai mis ma pensée à bord d’une spirale concentrique dont les courbes ne cessent de s’agrandir tellement que j’ai la sensation de m’éloigner du centre alors que j’essaie d’y plonger ou plutôt de m’y glisser.

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Cette façon d’avancer et de penser, je la dois à la lecture des Principes élémentaires de philosophie de Georges Politzer. Le premier livre de philosophie que je lus juste avant de commencer mon année de Terminale. J’arrivai en cours de Philosophie déjà armé d’une méthode, une méthode particulière, qui plus est, puisque marxiste : la dialectique.

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La première loi de la dialectique commence par constater que « rien ne reste là où il est, rien ne demeure ce qu’il est ». Qui dit dialectique dit mouvement, changement. Par conséquent, lorsqu’on parle de se placer au point de vue de la dialectique, cela veut dire se placer au point de vue du mouvement, du changement : lorsque nous voudrons étudier les choses suivant la dialectique, nous les étudierons dans leurs mouvements, dans leur changement. Georges Politzer, Principes élémentaires de la philosophie (G. P., PEP)

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Pour la dialectique, il n’y a rien de définitif, d’absolu, de sacré ; elle montre la caducité de toutes choses et en toutes choses, et rien n’existe pour elle que le processus ininterrompu du devenir et du transitoire. Friedrich Engels, Ludwig Feuerbach

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Le développement historique ou développement en spirale.

Si nous examinons d’un peu plus près le processus que nous commençons à connaître, nous voyons que la pomme est le résultat d’un enchaînement de processus. D’où vient la pomme ? La pomme vient de l’arbre. D’où vient l’arbre ? De la pomme. Nous pouvons donc penser que nous avons là un cercle vicieux dans lequel nous tournons pour revenir toujours au même point. Arbre, pomme. Pomme, arbre. De même, si nous prenons l’exemple de l’œuf et de la poule. D’où vient l’œuf ? De la poule. D’où vient la poule ? De l’œuf.
Si nous considérions les choses ainsi, ce ne serait pas là un processus, mais un cercle, et cette apparence a d’ailleurs donné l’idée du « retour éternel ». C’est-à-dire que nous reviendrions toujours au même point, au point de départ.

Mais voyons exactement comment se pose le problème.

  1. Voici une pomme.
  2. Celle-ci, en se décomposant, engendre un arbre ou des arbres.
  3. Chaque arbre ne donne pas une pomme, mais des pommes.
  4. Nous ne revenons donc pas au même point de départ ; nous revenons à la pomme, mais sur un autre plan.

De même, si nous partons de l’arbre, nous aurons :

  1. Un arbre qui donne
  2. des pommes, et ces pommes donneront
  3. des arbres.
  4. Là aussi, nous revenons à l’arbre, mais sur un autre plan. Le point de vue s’est élargi.

Nous n’avons donc pas un cercle, comme les apparences tendaient à le faire penser, mais un processus de développement que nous appellerons un développement historique. L’histoire montre que le temps ne passe pas sans laisser de trace. Le temps passe, mais ce ne sont pas les mêmes développements qui reviennent. Le monde, la nature, la société constituent un développement qui est historique, un développement qu’en langage philosophique on appelle « en spirale ».

On se sert de cette image pour fixer les idées ; c’est une comparaison pour illustrer ce fait que les choses évoluent selon un processus circulaire, mais ne reviennent pas au point de départ, elles reviennent un peu au-dessus, sur un autre plan ; et ainsi de suite, ce qui donne une spirale ascendante.

Donc, le monde, la nature, la société ont un développement historique (en spirale), et ce qui meut ce développement, c’est, ne l’oublions pas, l’autodynamisme.
(G. P., PEP)

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Il est difficile de fixer ce qui est mouvement aussi difficile de voir du mouvement dans ce qui est fixe ou semble l’être.

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Je fixais des vertiges. Arthur Rimbaud.

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Tout a été dit, tout a été pensé avant moi. Seul ce que j’ai vécu et ce qu’ont vécu les contemporains que je côtoie n’a été vécu par personne d’autre que nous.

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Tu ne peux que témoigner. Être le signe, l’indice (Montaigne) de toi-même.

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J’ai cherché ma place dans l’Histoire et je la cherche encore. Je cherche quelle place a mon histoire dans l’Histoire. Je voudras écrire mon hHistoire, notre hHistoire.

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A partir du moment où nous sommes entrés dans les bois en août 2021, nous sommes entrés dans l’Histoire muni de notre histoire. Nous avons commencé à écrire notre hHistoire.

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Nous sommes entrés dans un infra monde que nous avons créé et qui a fait face au supra monde. On ne crée pas seul un infra monde.

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Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience. René Char

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Je veux comprendre comment j’en suis arrivé là, comment chacun d’entre nous en est arrivé là. Comment nous en sommes arrivés à défier le Pouvoir qui veut nous faire sortir de l’Histoire et même nous faire sans histoire.

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Je cherche à démontrer que le Covid ne fut pas une fatalité.

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En montrant que le présent n’est pas tombé du ciel, mais qu’il est au contraire devenu, qu’il a surgi d’une multiplicité de causes, on le fait entrer dans le champ politique de la parole et de l’action, c’est-à-dire de la liberté humaine. Cédric Lagandré, La Société intégrale

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Je ne veux pas être, nous ne voulons pas être ces moustiques qui se brûlent à la chaleur de l’ampoule (même si les LED aujourd’hui ne chauffent plus guère !). Nous voulons sortir de la nuit, l’éclairer avec nos différentes lumières.

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